PLURALITÉ, POUR UNE UNIVERSALITÉ CHRÉTIENNE?

Nous vivons une période où nous sommes envahis de prêches sur la pluralité, le vivre ensemble, le bien commun. D’un autre côté, tout ce qui est repli identitaire est condamné sans hésitation. Toutes les religions confondues sont incitées à des dialogues inter religieux.

Il y a quelques temps, le Pape Jean Paul II a rassemblé tous les dirigeants de plusieurs dénominations et a demandé à toutes les personnalités religieuses présentes de prier respectivement leurs dieux. Ce geste a été apprécié et applaudi par le monde entier, comme si c’était porteur d’espoir pour l’humanité.

Face à cela, une réflexion me vient à l’esprit : qu’est ce qui primerait alors, la foi ou le vivre ensemble ? Je m’explique : les questions en matière de foi doivent-elles passer au second plan pour que la pluralité soit pleinement respectée ? A ce moment-là, la pluralité devient un dogme qui dépasserait même nos confessions de foi.

En analysant ce qui se passe dans le monde aujourd’hui, je ne peux pas m’empêcher de me poser des questions face à la montée des différentes revendications identitaires. On dirait qu’il y a un vent qui souffle aussi sur le plan politique international. À l’exemple de la crise en Espagne avec la Catalogne, le Brexit, la dislocation de la solidarité au sein des états membres de l’Union Européenne et la montée en flèche des partis nationalistes ici et là.

Peut-être me direz-vous que ce n’est que passager, qu’il y a toujours eu et qu’il y aura toujours des leaders politiques de l’extrême. Oui, c’est vrai, mais qu’on le veuille ou non, c’est une tendance qui tend à se ressentir dans tous les domaines, qu’ils soient politique, culturel et religieux.

Montaigne qui était à la fois un philosophe moraliste et homme politique de la Renaissance, a constaté que l’universel concret doit d’abord passer par la singularité et par la particularité. Si notre universel dit qu’il n’est pas enraciné dans un contexte particulier, il est une abstraction dangereuse. Et Pierre Magnard réexplique les propos de Montaigne en disant : « qu’on ne se concilie que dans la différence. On ne communique que dans la convenance entre ces différences mêmes, non pas dans l’assimilation. On ne communique pas dans le semblable, on communique dans l’autre, dans le différent » (Conférence sur “ il n’y a pas d’universalisme sans….?” 25 Mars 2015).

Les dialogues et les discussions œcuméniques ou inter religieux seront toujours nécessaires pour préserver le vivre ensemble pour une société harmonieuse. Mais selon moi il y a des limites à ne pas franchir, comme sacrifier et piétiner ma conviction religieuse pour faire bonne impression à tout le monde.

 

Le Pasteur.